Politique ministérielle d'évaluation de programme - Évaluer ses résultats pour s'améliorer

Réalisation

Cette publication a été produite par la Direction de la coordination, de l'évaluation et de la planification (DCEP) du ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations.

Nous remercions l'ensemble des personnes qui ont contribué à la préparation de ce document pour l'expertise qu'elles ont apportée au cours des travaux, et plus particulièrement le personnel de l'équipe d'évaluation, soit :

Conception et réalisation : Christophe Marchal, évaluateur principal

Révision et validation finale : François Maxime Langlois, directeur

Pour obtenir un exemplaire de ce document, faites parvenir votre demande à l'adresse suivante :

Par courriel : gar@economie.gouv.qc.ca
Par la poste :
Ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations
Direction de la coordination, de l'évaluation et de la planification
710, place D'Youville, 7e étage
Québec (Québec) G1R 4Y4

Dans la présente politique, le genre masculin est utilisé sans discrimination, dans le seul but d'alléger le texte.

Toute reproduction totale ou partielle de ce document est autorisée, à condition que la source soit mentionnée.

Version définitive – juillet 2015
© Gouvernement du Québec

Table des matières

La Politique a pour objectif de soutenir le ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations dans l'exercice de l'évaluation de programme. Elle décrit la raison d'être de la fonction, tout en précisant l'encadrement, la pratique, le financement et le partage des responsabilités liées à l'exercice de l'évaluation de programme.

Mise en contexte

En 2000, avec l'adoption de la Loi sur l'administration publique (RLRQ, chapitre A-6.01), un cadre de gestion axée sur les résultats a été instauré au sein des ministères et des organismes du gouvernement du Québec. En février 2014, le Secrétariat du Conseil du trésor (SCT) a diffusé sa directive concernant l'évaluation de programme (Décret no 125-2014 du 19 février 2014) en vue de renforcer la pratique de l'évaluation au sein des ministères. Dans ce contexte, il incombe au ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations d'évaluer de façon continue les résultats de ses programmes d'aide financière et de ses mesures.

Officialisée en 2000 au Ministère, la fonction d'évaluation de programme a contribué à rendre compte des résultats de nombreux programmes d'aide financière, qu'il s'agisse de programmes de subvention, de projets d'envergure, de mesures fiscales ou d'organismes. Après 15 ans d'exercice de cette fonction, il est devenu nécessaire pour le Ministère de se doter d'une politique d'évaluation de programme.

L'expression « évaluation de programme » est utilisée pour éviter la confusion avec d'autres formes d'évaluation, par exemple l'évaluation foncière ou l'évaluation des apprentissages. Par conséquent, notre définition du terme « programme » est la suivante :

L'évaluation vise à produire des connaissances sur les résultats des programmes, dans le but d'apprécier leur pertinence, leur efficacité et leurs effets. Elle a pour objectifs d'aider les décideurs à améliorer les programmes et de permettre aux citoyens d'en estimer la valeur. L'évaluation est une démarche rigoureuse de collecte et d'analyse d'information et contribue ainsi à rationaliser la prise de décision et à rendre plus efficace la dépense publique. Au Ministère, la mission de l'évaluation (Les avantages liés à la pratique de l'évaluation de programme sont présentés à l'annexe A) consiste :

1. Objectif et portée de la politique

La Politique ministérielle d'évaluation de programme a pour objectif de maintenir au Ministère une fonction d'évaluation efficace et indépendante, de rendre disponible au bon moment des informations sur les résultats des programmes d'aide financière, et ce, qu'il s'agisse de politiques, de programmes de subvention, de fonds, de mesures fiscales, de financements d'organismes ou de projets majeurs.

Le Ministère utilise l'évaluation de programme dans sa gestion pour :

Cette politique s'applique à toutes les unités administratives du Ministère.

2. Encadrement légal, réglementaire et normatif

Les activités d'évaluation de programme s'exercent en conformité avec le cadre légal gouvernemental, qui comprend :

Par ailleurs, les évaluateurs de programmes sont assujettis à plusieurs dispositions légales, réglementaires et professionnelles dans le cadre de leur travail, soit :

3. Principes directeurs

L'application de la Politique exige le respect de certains principes directeurs dans l'exercice de l'évaluation de programme. Ces principes sont les suivants :

4. Partage des responsabilités

Sous-ministre

Sous-ministres adjoints et directeurs généraux

Membre du Comité exécutif (COMEX) responsable de l'évaluation de programme

Gestionnaires

Gestionnaire responsable de l'évaluation de programme

Évaluateur principal

Évaluateurs de programmes

5. Financement de l'évaluation de programme

Le financement de l'évaluation a trait aux dépenses liées à la réalisation d'études complémentaires et nécessaires aux mandats, par exemple des sondages, des analyses de retombées économiques ou des études d'étalonnage, mais ne comprend pas le salaire des évaluateurs qui travaillent pour le Ministère.

À la fin de chaque année financière, une prévision budgétaire est établie pour chacune des évaluations à effectuer l'année suivante. Cette prévision s'intègre par la suite dans la planification budgétaire de la direction responsable de l'évaluation de programme, ce qui assure l'allocation des ressources financières nécessaires pour mener à bien la réalisation des évaluations prévues.

6. Pratique de l'évaluation de programme

6.1 Les questions d'évaluation

L'évaluation d'une politique, d'un programme d'aide financière, d'un fonds, d'une mesure fiscale, d'un financement consenti à un organisme ou d'un projet majeur vise à apprécier dans quelle mesure les objectifs et les résultats attendus de la dépense publique ou de l'incitation fiscale sont atteints et, si possible, dans quelle mesure les résultats obtenus sont comparables à d'autres interventions similaires.

Pour ce faire, les évaluations mettent l'accent sur les préoccupations suivantes :

6.2 Planification de l'évaluation de programme

La direction responsable de l'évaluation de programme a la responsabilité d'élaborer un PTE. Il s'agit d'un plan pluriannuel faisant état de tous les mandats d'évaluation devant être réalisés au cours de la période prévue. Les mandats sont choisis en tenant compte des priorités, des orientations ministérielles et des obligations de reddition de comptes du Ministère. Le PTE est mis à jour à l'aide des plans annuels des opérations.

Les sous-ministres adjoints, les directeurs généraux et les gestionnaires jouent un rôle important dans l'élaboration du PTE, pour le choix des mandats à réaliser en vertu d'obligations légales auprès du Secrétariat du Conseil du trésor et pour la définition de la portée des mandats et des risques qui y sont associés.

Le PTE est approuvé par le sous-ministre. Les plans annuels des opérations sont validés par les sous-ministres adjoints.

Conformément à l'article 6 de la Directive concernant l'évaluation de programme dans les ministères et les organismes, le PTE et les plans opérationnels qui en découlent seront transmis au Secrétariat du Conseil du trésor au plus tard le 31 octobre de chaque année.

6.3 Évaluation de programme et reddition de comptes

En vertu de la Loi sur l'administration publique (RLRQ, chapitre A-6.01), il est attendu du Ministère qu'il rende compte des résultats de ses politiques, de ses orientations et de ses programmes. Cela s'inscrit dans la volonté de rendre l'administration publique plus transparente dans ses actions et surtout dans son utilisation des fonds publics.

Dans cette perspective, il est souhaitable de rendre visible l'évaluation de programme dans le plan stratégique ministériel ainsi que dans le rapport annuel de gestion, ce dernier présentant sommairement les principaux résultats des évaluations réalisées par le Ministère.

Par ailleurs, il est utile de rappeler que l'évaluation de programme fait partie intégrante du cycle de gestion axée sur les résultats. Elle peut être mise à contribution à chacune de ses étapes, de la planification à la mise en œuvre, jusqu'au suivi des résultats.

6.4 Approbation et signature

Le directeur responsable de l'équipe d'évaluation et l'évaluateur principal approuvent tous les rapports d'évaluation réalisés par la direction en les signant. Ils garantissent ainsi au sous-ministre que l'information contenue dans les rapports est valide et cohérente et que ceux-ci ont été réalisés dans le respect de l'ensemble des principes et méthodologies appliqués au Ministère.

6.5 Charte et Normes

La Charte d'évaluation, présentée à l'annexe C, définit les critères de qualité d'une évaluation, le rôle des comités et les règles d'arbitrage durant les étapes de validation du cadre et du rapport d'évaluation. Elle vise les personnes participant à un mandat d'évaluation et plus particulièrement les membres du comité d'évaluation.

De plus, les activités d'évaluation doivent respecter les règles et les normes présentées dans le Guide de l'évaluation de programme du Ministère. Ce document fait état des normes de qualité à respecter, des protocoles d'évaluation en vigueur et des responsabilités des évaluateurs de programmes.

7. Diffusion des rapports d'évaluation

La diffusion des rapports d'évaluation doit se faire conformément à la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels (RLRQ, chapitre A-2.1) et au Règlement sur la diffusion de l'information et sur la protection des renseignements personnels (RLRQ, chapitre A-2.1, r. 2). Dans ce contexte, le Ministère doit diffuser les études, les rapports de recherche ou de statistiques présentant un intérêt public.

À cet effet, les rapports d'évaluation sont assimilés à des rapports de recherche ou de statistiques et, à ce titre, s'inscrivent dans ce règlement. Ils sont systématiquement diffusés sur le site intranet du Ministère. Cependant, la diffusion publique des rapports d'évaluation sur le site Web du Ministère doit être approuvée par le sous-ministre. Par ailleurs, la diffusion publique des rapports, ou de leurs sommaires, doit être effectuée au cours du deuxième trimestre de l'année en cours, sauf en cas de demande particulière.

8. Entrée en vigueur

La Politique ministérielle d'évaluation de programme entre en vigueur à la date de son approbation par le sous-ministre.

(Signature du sous-ministre, Jocelin Dumas, le 21 juillet 2015)

Annexe A - Avantages de l'évaluation

Les avantages liés à l'évaluation de programme

Pour les décideurs

Pour les directions responsables des programmes et les « évalués »

Pour les citoyens et les parlementaires

Au final, pour le Ministère

Annexe B - Offre de services

La Direction de la coordination, de l'évaluation et de la planification offre les services suivants :

Mandats d'évaluation

Mandats de services-conseils

Mandats réalisés de façon continue

Annexe C - Charte d'évaluation

L'exposé des motifs

La Charte informe des critères de qualité d'une évaluation, du rôle des comités d'évaluation et des règles d'arbitrage durant les étapes de validation du cadre et du rapport d'évaluation. Elle vise les personnes participant à un mandat d'évaluation et plus particulièrement les membres du comité d'évaluation.

La Charte se veut un guide et un rappel permanent de principes généraux largement reconnus dans le milieu de l'évaluation de programmes publics au Canada. Elle permet de prévenir, autant que possible, les difficultés qui surgissent souvent en cours d'évaluation faute d'avoir clarifié les questions de principes et de déontologie professionnelle.

L'application des principes contenus dans la Charte contribue à la réalisation d'évaluations objectives et de qualité ainsi qu'à la préservation de la liberté de choix des décideurs publics.

L'évaluation de programme au Ministère

L'évaluation de programme consiste à évaluer les résultats des aides financières du Ministère, qu'il s'agisse d'un programme normé, d'un financement d'organisme, d'une mesure fiscale, d'un projet ou d'une politique. L'évaluation vise à produire des connaissances sur les résultats des programmes, dans le but d'apprécier leur pertinence, leur efficacité et leurs effets. Elle a pour objectifs d'aider les décideurs à améliorer les programmes et de permettre aux citoyens d'en estimer la valeur. L'évaluation contribue ainsi à rationaliser la prise de décision et à rendre plus efficace la dépense publique.

Les critères de qualité d'une évaluation

Principe d'utilité

L'évaluation produit de l'information utile, pertinente et livrée à temps, en vue de contribuer à une prise de décision éclairée. L'évaluation est réalisée dans les délais prévus pour fournir aux décideurs les réponses aux questions qui les préoccupent. Le rapport d'évaluation est concis (40 pages au maximum). Il contient un sommaire exécutif, l'énoncé du contexte de l'évaluation, des limites et des sources d'information, les analyses factuelles des résultats obtenus, l'appréciation de ces résultats par rapport à ceux attendus (ou aux cibles) et les conclusions.

Principe de clarté

Un mandat d'évaluation donne lieu à deux livrables : le cadre d'évaluation et le rapport d'évaluation. Le cadre expose clairement les objectifs de l'évaluation, la logique de l'intervention du Ministère, une brève description de l'objet évalué et le protocole d'évaluation. Ce protocole décrit les critères à évaluer, les cibles de résultats et leurs indicateurs, les méthodes de collecte de données, les limites de l'évaluation et la méthode de pointage de l'appréciation des résultats. Le rapport résulte de l'application du protocole d'évaluation décrit dans le cadre et il rappelle la finalité et le contexte de l'évaluation. Les analyses contenues dans le rapport s'appuient sur une argumentation rationnelle basée sur les faits constatés. Cette argumentation est limitée à l'énoncé des constats relatifs aux résultats obtenus et à l'appréciation de leurs écarts par rapport aux résultats attendus (cibles).

Principe de transparence

La version définitive du rapport d'évaluation est transmise aux parties prenantes qui composent le comité d'évaluation. Par la suite, elle est remise aux autorités du Ministère. La diffusion publique du rapport est souhaitable, mais elle est conditionnelle à l'autorisation du sous-ministre du Ministère.

Principe de respect des personnes

L'évaluation est réalisée dans le respect et la considération auxquels ont droit les personnes associées de près ou de loin à la réalisation des mandats d'évaluation, notamment les membres du comité d'évaluation. La révélation de toute information nominative est à exclure, à moins d'une autorisation des personnes concernées. Les informations publiques (par exemple un nom d'organisme) peuvent être nominatives et présentes dans le rapport sans l'accord des personnes concernées.

Principe d'intégrité

Les évaluateurs réalisent leurs mandats de manière professionnelle, dans le respect des valeurs éthiques et morales du Ministère et de la fonction publique québécoise, pour assurer la légitimité de l'évaluation. Ils doivent être extérieurs à l'environnement du programme à évaluer, non seulement pour éviter d'éventuels conflits d'intérêts, mais aussi pour renforcer la neutralité et la transparence de l'évaluation.

Le comité d'évaluation

Rôle du comité

Le comité valide le cadre et le rapport d'évaluation. Il n'est cependant pas demandé au comité d'approuver ces documents. À cet effet, nous faisons la distinction suivante :

Fonctionnement du comité

Le comité est constitué pour la durée de l'évaluation. Il prend fin au moment de la diffusion de la version définitive du rapport. Aucune rémunération ne sera versée aux personnes composant le comité.

Composition du comité

Le comité est composé des représentants des principales parties prenantes de l'évaluation. La présence d'experts externes peut être envisagée à la demande des clients de l'évaluation, qui en assureront les frais, le cas échéant. Le nombre de membres participant au comité ne devrait pas dépasser huit personnes, dans le but de faciliter et d'accélérer la gestion de l'évaluation.

Engagement de confidentialité à l'égard des livrables

Les membres du comité s'engagent à ne pas divulguer les livrables ou des documents dont ils ont connaissance durant l'évaluation à des personnes extérieures au comité. À cet effet, tant et aussi longtemps que la diffusion publique des livrables (cadre et rapport) n'est pas autorisée par le Ministère, leur accès est limité aux membres du comité et au personnel ayant signé un engagement de confidentialité.

Le règlement des arbitrages

Principe de neutralité

L'évaluation est réalisée à charge et à décharge, c'est-à-dire que sont recueillis tant les éléments en faveur que ceux à l'encontre de l'objet évalué, et ce, sans parti pris de la part des évaluateurs. Le rapport résulte de l'application directe du protocole d'évaluation validé dans le cadre par le comité d'évaluation. Le rapport validé par le comité d'évaluation est la version définitive transmise aux autorités du Ministère.

Principe de pluralité

Les étapes de validation du cadre et du rapport favorisent la collégialité et le discours contradictoire. La collégialité permet de gommer les appréciations personnelles et la contradiction permet de rechercher un point d'équilibre entre les parties prenantes. L'application de ce principe vise à prendre en compte les différents intérêts en présence et à recueillir la diversité des points de vue.